Passage radio – RTL – 8 avril 1991

OUTIL DE COLLECTION

Passage radio – RTL – 8 avril 1991

Nagui : Génération Laser jusqu’à 21h. Notre invitée : Mylène Farmer. Merci Mylène d’avoir répondu favorablement à notre invitation.
Mylène Farmer : Bonjour.

N : On ne sait jamais, hé ben là, ça se passe bien ! Un nouvel album qui est un album première sur RTL depuis ce matin, on découvre tous les extraits de cet album, qui ne sortira finalement que mercredi, c’est ça ?
MF : Il y a toujours un petit décalage. Il sort le 8 et il est en magasins trois jours après.

N : Donc il sort aujourd’hui, c’est-à-dire en fait que toutes les radios l’ont aujourd’hui ou dans la journée…
MF : Principalement la vôtre !

N : Voilà, c’est gentil. Et en vente commerciale dès mercredi. (la sortie officielle annoncée de « L’Autre… » est source de confusion puisque suivant les documents promotionnels, Polydor l’annonçait tantôt pour le 8 avril 1991, tantôt pour le 10 avril 1991 ! nda) Alors, ça fait combien de temps qu’on n’a plus eu de nouvelles, finalement, à peu près ?
MF : Si mes calculs sont bons, ça fait deux ans et demi… (Mylène exagère un peu, puisque nous sommes à peine seize mois après la fin du Tour 89, nda)

N : Ca fait deux ans et demi, à peu près. Il y a eu donc une période d’écriture, de repos peut-être ? Des vacances, non ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
MF : Non, pas de vacances. Un peu de promotion à l’étranger et puis un moyen de se ressourcer, donc tout ce qu’on peut faire : lecture ou autres…

N : Ecriture ?
MF : Ecriture, bien sûr. L’album a pris à peu près six mois pour la réalisation.

N : Quand on dit « L’Autre… », ça veut bien dire ce que ça veut dire : il y a vraiment une autre. Alors, c’est quoi ? C’est une autre Mylène Farmer ? C’est une autre personne ? C’est une autre personnalité ? Ca veut tout dire, ou… ?
MF : Idéalement, je préférerais ne pas, moi, me justifier quant au titre. Mais c’est vrai que « L’Autre… » suggère beaucoup de choses, donc chacun y prendra ce qu’il voudra.

N : Chacun verra le changement qu’il veut y voir. (…) Ce n’est que le troisième album, dirais-je. On a l’impression qu’il y a eu plein, plein, plein d’albums, il y a eu plein de chansons, mais en fait ce n’est que le troisième album, si on compte pas évidemment le live.
MF : Oui.

N : L’album en lui-même, en préparation, en studio, en enregistrement : ça a pris beaucoup de temps aussi, ou ça va vite en studio ?
MF : Quatre mois de studio, avec certaines chansons qui ont été remixées plusieurs fois.

N : Il y a des déchets, quand on est en studio ? Des chansons que l’on écarte, au moment du studio ?
MF : Pas en ce qui me concerne. Mais il y a des chansons qui sont un petit peu plus difficiles à réaliser, mais c’est surtout par rapport au mixage. On est pointilleux sur tout, mais le mixage je me suis aperçu qu’on la fait plusieurs fois pour certaines chansons. Quelquefois, on peut aussi se tromper de direction donc on peut changer une mélodie ou on peut changer…le texte, en aucun cas ! (rires)

N : Il y a un souci de perfectionnisme, quelque part ?
MF : Oh, il est là, oui. Constamment.

Diffusion de « Désenchantée ».




N : « Désenchantée », ou génération désenchantée…Chacun, encore une fois, fera l’analyse qu’il veut et qu’il souhaite. En tout cas, toujours le texte signé de Mylène Farmer, toujours la musique de Laurent Boutonnat. Je pense que là maintenant c’est une équipe qui est construite depuis plusieurs années –ça a pas été le cas dès le début, en tout cas- mais depuis plusieurs années, en tout cas, c’est cette équipe. Ca ne changera pas !
MF : J’ai quand même commencé avec Laurent. « Maman a Tort » était une chanson écrite par Laurent Boutonnat et Jérôme Dahan. Mais après, c’est Laurent Boutonnat et moi-même qui avons continué le chemin.

N : Parce que je veux dire, il y a eu des chansons qui n’étaient pas signées, pour le texte, de Mylène Farmer…
MF : C’est vrai. Laurent Boutonnat a signé quelques-unes de ces chansons, et puis après je lui ai volé le crayon et j’ai continué toute seule.

N : Alors est-ce que musicalement par exemple pour placer un texte, pour trouver la mélodie, la manière de le chanter c’est déjà écrit sur le papier ? C’est-à-dire que c’est une lecture d’une partition tout à fait normale, ou simplement on place sa voix comme on le sent sur une musique déjà écrite ?
MF : Etant très, très, très souvent avec Laurent, j’ai cette chance que de pouvoir travailler et participer à ses côtés…

N : …à la composition dès le début, alors.
MF : Pas tout à fait la composition dès le début, mais pour tout ce qui concerne par exemple les mélodies de voix, j’aime bien l’aider. Et après, moi, j’écris. Je crois que c’est la façon tout à fait normale d’envisager une chanson.

N : Donc ça peut être la musique qui fait ressentir les paroles, l’ambiance de la musique, on pense à des…
MF : Très souvent. Moi, j’ai besoin effectivement d’une musique. Déjà, une musique peut inspirer beaucoup de choses, donc j’essaie d’aller dans ce sens-là, oui.

N : Alors, évidemment il se passe plein de choses en 1990-1991, que ce soit dans le monde socioculturel, politique, tout ça. Est-ce que le monde extérieur a beaucoup d’influence sur ce qui se passe, ou même sur cet album, « L’Autre… » ?
MF : Ce serait malhonnête de dire aucunement, mais j’ai quand même tendance à me situer hors de l’Histoire. Non pas hors du temps, mais hors de l’Histoire. J’y suis sensible, mais maintenant, m’en servir pour des chansons : non, en aucun cas. C’est plus des choses qui viennent de moi, de ma vie, de mes sentiments.

N : Mais c’est-à-dire que au quotidien est-ce qu’il y a une curiosité vers l’information ? C’est vrai qu’on parle souvent de surinformation, parce qu’il y a énormément de quotidiens, il y a énormément de radios, il y a énormément de télés, il y a beaucoup d’infos, beaucoup de magazines : est-ce qu’il y a une curiosité déjà naturelle à vivre avec son temps et à suivre tout ça de près, ou est-ce que plutôt il y a un cloisonnement, un isolement qui dit ‘Oh lala, il y a trop de trucs qui me tracassent, j’ai pas envie de mettre mon nez là-dedans’ ?
MF : Je me dis ‘À chacun son métier’. Moi, mon métier c’est la chanson. C’est en tout cas écrire et interpréter. Une fois de plus, je suis sensible à l’actualité mais pas impliquée du tout, donc c’est difficile de répondre.

N : Il y aura jamais une chanson engagée ?
MF : Oh non, jamais ! Non, non. C’est pas mon propos.

N : Pourtant, il y a des messages dans les chansons, généralement, mais ce sont des messages intemporels…
MF : Oui, c’est ce que je souhaite, en tout cas.

N : D’accord. Alors, est-ce que là, maintenant, du côté de la musique, est-ce que l’évolution musicale qu’il y a pu avoir en production anglo-saxonne ou française…est-ce qu’il y a beaucoup de disques à la maison ?
MF : Il y a beaucoup, beaucoup de disques mais ce sont toujours des musiques de film.

N : Tiens !
MF : De la musique classique, et parfois de la musique pop, dit-on ! (sourire) Quelques exemples : j’aime beaucoup Talk Talk, j’aime…C’est toujours quand on doit évoquer toutes ces personnes qu’on ne les trouve plus !

N : Evidemment, qu’on n’a plus la liste !
MF : J’aime Peter Gabriel, j’aime Kate Bush…Mais je reviens toujours un peu aux mêmes, finalement !

N : Là, ce sont des ambiances bien particulières. Il n’y a pas de chanteur à texte, dirais-je ?
MF : Si, j’aime bien évidemment beaucoup Jean-Louis Murat. Je dis ‘bien évidemment’ parce que j’ai fait un duo avec lui.

N : Evidemment, il y a un duo et on en parlera tout à l’heure, en l’écoutant bien sûr. On t’a demandé quels étaient les compacts que tu avais envie d’entendre, et oh surprise ! quelqu’un que l’on ne connaît pas encore très, très bien, qui sort son compact single en ce moment : Robert.
MF : Oui, vous faites allusion à Robert, que j’ai découvert à la télévision, puisque je crois qu’on l’entend finalement très, très peu en radio et j’avoue que j’ai beaucoup, beaucoup aimé cette chanson. J’aime le visage de cette femme.

N : Sans la connaître, elle ?
MF : Sans la connaître du tout, non. J’ai entendu, je crois, deux fois cette chanson.

N : Elle s’appelle Robert, donc. « Elle se promène ».
MF : C’est très gracieux, en tout cas.

Diffusion de « Elle se promène » de Robert.

N : Robert, « Elle se promène ». C’est presque du Mylène Farmer, ça !
MF : Oh non, je ne pense pas.

N : Non ?! Le placement de la voix…
MF : Parce qu’elle a une voix qui est assez aiguë et assez douce. Mais je trouve ça très original, en tout cas. Ca fait du bien d’entendre ça.

N : Bon, d’accord. Robert, donc, qu’on aura découvert. On peut l’inviter pour Studio 22, si vous le souhaitez, Mylène !
MF : Mais éventuellement ! (ça sera bien le cas, cf. cette référence, nda)

N : D’accord ! Donc, « Elle se promène », l’un des compacts choisis par Mylène Farmer. Il y en aura d’autres dans le courant de l’émission. Alors, sur ce nouvel album de dix chansons, « L’Autre… », il y a un animal sur la pochette. Décidemment, on retrouve l’amour des animaux ! Les singes vont bien, à propos ?
MF : Très bien, oui. Très bien ! (rires)

N : En pleine forme ? Il y a d’autres animaux qui sont venus habiter chez madame Farmer ?
MF : Non, parce que c’est très, très difficile de faire une cohabitation –je vais y arriver ! (elle bute sur le mot, nda)- avec d’autres animaux : ils sont très, très possessifs et jaloux. J’ai essayé une fois un petit chat, mais…non ! (rires)

N : Le pauvre petit chat, il a du souffrir ! Il se faisait courser dans l’appartement par les singes ?!
MF : Par un des singes ! Le plus jeune… (rires)

N : C’est quel genre d’oiseau, ça ? Je suis pas très doué, moi…
MF : En effet ! C’est un corbeau.

N : C’est un corbeau, d’accord. Je suis vraiment pas doué, donc ! Corbeau noir…C’est un montage ou il était vraiment posé sur l’épaule ?
MF : Il est réellement posé sur l’épaule.

N : Il y a aucune crainte de votre part d’avoir, comme ça, un corbeau aussi près du visage avec des griffes, avec un bec… ?
MF : Non, je l’ai apprivoisé…

N : Ha bon, d’accord. Et lui, il a pas eu de problèmes avec le singe ?!
MF : Non. C’est un corbeau empaillé ! (rires)

N : Ha bon, d’accord !! Drôle de forme pour apprivoiser ! Je me méfierais, moi ! Bon… ! Et donc, sur cet album, une chanson…Alors, en ce moment c’est vrai qu’il y a une vague –je suppose que cette chanson, « Agnus Dei », a été composée il y a un bon bout de temps- mais c’est vrai qu’il y a cette vague Enigma ou autres chants grégoriens mis en house music et compagnie. Déjà, une appréciation ou non à porter sur Enigma ? Parce que des chants grégoriens comme le Mea Culpa ou la house music…
MF : J’adore en tout cas les chants grégoriens.

N : Les vrais ?
MF : Les vrais. Et c’est vrai que Laurent et moi-même avions cette idée -ça fait très, très, très longtemps- que d’utiliser des chants grégoriens dans une chanson, mais ça a déjà été fait. Là, ce sont deux voix masculines uniquement.

Diffusion de « Agnus Dei ».




N : « Agnus Dei », Mylène Farmer sur l’album « L’Autre… », avec trois petits points de suspension qui ont toujours leur importance (rires de Mylène). S’ils sont là, c’est que c’est pour quelque chose ! Pas peur d’une réaction, je sais pas, des ordres, du Vatican ?
MF : Non ! Non, non…

N : Non ? Parce que ‘mutilation’‘génuflexion’, ‘les bras m’en tombent’…Enfin, bon…
MF : Mais quand j’ai écrit cette chanson, j’ai pensé aux « Diables », de Ken Russel. Je ne sais pas si vous avez vu ce film.

N : Oui, oui…
MF : Il se passait sous l’Inquisition. Et ma foi, non, je n’ai pas peur de ce genre de réactions. Et quand bien même… !

N : Et quand bien même, d’accord ! Il y a eu –on va en parler tout à l’heure- aussi une éducation justement dans le respect de la religion, une éducation proche de la religion. Est-ce que c’est encore présent, la religion, aujourd’hui ? Le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas, oui ou non ?
MF : Ca, je vous laisse ça… (rires)

N : Non, non, je sais pas…
MF : Je n’en sais rien. C’est quelque chose qui est très présent, je ne dis pas la religion, mais en tout cas l’éventualité d’un dieu ou non. C’est quelque chose qui est assez obsédant. Pour ma part, moi je suis athée mais je crois que je suis en train de me poser aussi des questions par rapport à ça. C’est plutôt l’absence de dieu qui me trouble.

N : Alors, dans les textes il y a eu une période où il y avait des chansons qui étaient adaptées en d’autres langues, comme le premier 45-trs. C’était la seule expérience ? « My Mum is Wrong », ça a été la seule expérience anglo-saxonne, ou il y en a eu d’autres dont on n’a pas été au courant ou est-ce qu’il y en aura d’autres ?
MF : Non, c’était la seule (« Libertine » a été adaptée en enregistrée en anglais mais n’est jamais sortie, nda) et je crois pas qu’il y en aura d’autres parce que ma langue première, c’est bien évidemment le français. Ou vraiment pour s’amuser, pourquoi pas. Non, si j’ai envie qu’on me connaisse, c’est vraiment dans cette langue et à l’étranger je ferai en sorte d’imposer cette langue. Ou alors tant pis.

N : Donc, pour mieux vous connaître, il faut bien lire les paroles et chercher à bien les comprendre…
MF : Je crois que c’est important, en tout cas pour moi, oui.

N : Mylène Farmer, notre invitée dans Génération Laser. Nous y reviendrons à son album « L’Autre… », tout de suite après ceci.

Coupure pub




N : 21h, ce n’est que dans une demie heure, donc il ne nous reste plus qu’une demie heure avec Mylène Farmer. Il faut faire vite !

Jingle ‘Cdthèque’

N : Cdthèque de notre invitée, donc de Mylène Farmer ! 12 septembre –c’est encore une date que l’on peut encore dire !- 12 septembre 1961 à Montréal, au Canada donc : naissance de Mylène, fille d’un ingénieur des ponts et chaussées et d’une maman qui va s’occuper de beaucoup d’enfants, quatre en tout. Ca diffère selon les articles de journaux : des fois il y a trois, quatre enfants…
MF : Je vous laisserai dans l’ignorance ! (sourire)

N : D’accord ! Donc, c’est quatre enfants dans la famille. Des souvenirs d’études primaires donc, comme on l’a dit tout à l’heure, à l’école Sainte Marcelline, tenue par des gentilles sœurs. Souvenirs du Canada : sirop d’érable, neige et écureuils. C’est à peu près tout ce que vous avez retenu du Canada ?
MF : Oui. Très sincèrement, oui.

N : Mylène a huit ans lorsque son papa a fini de construire le barrage du Manicouagan (il le prononce à l’anglaise) –je sais pas si je prononce correctement…
MF : Manicouagan (elle corrige la prononciation)

N : Manicouagan, pardon. Et toute la famille rentre en France, à Ville d’Avray, dans la région parisienne. À ce moment-là, changements dans la vie, changements dans la tête, problèmes d’identité, parait-il problèmes avec votre physique, du mal à accepter l’adolescence…
MF : Comme tout adolescent, oui…

N : Ha, moi ça s’est bien passé ! (rires de Mylène) C’est maintenant que j’ai des problèmes ! Enfin, c’est pas grave ! Donc, problèmes d’identité, et à l’école, évidemment, malgré le fait qu’elle déteste l’école, elle y est toujours une heure en avance, ce qui est vrai, devant les grilles fermées de l’école.
MF : C’est vrai. Paradoxal !

N : D’où peut-être les grilles pour le concert ! (l’affiche et la mise en scène du Tour 89, nda) Ben oui, c’est comme ça ! C’est pas si paradoxal que ça : dans une interview, j’ai lu que vous disiez ‘Je veux toujours devancer la souffrance’…
MF : J’ai dit ça, moi ?! Allons bon !

N : Ben oui ! C’est dans…
MF : Je m’étonne toujours de ce que je puis dire ! (rires)

N : À douze, treize ans, tous les dimanches matins, vous vous occupez d’enfants handicapés. Ou inadaptés ?
MF : Comme vous voulez, oui. Des enfants handicapés moteur et mentaux, oui.

N : Cette démarche à douze, treize ans, c’est une démarche que l’on a seule, ou… ?
MF : C’est en relation directe d’avec des cours de catéchisme, puisque la personne qui nous enseignait donc ce catéchisme nous proposait d’aller tous les dimanches dans l’hôpital de Garches, et j’avoue que j’ai répondu favorablement et qu’après j’y suis allée moi-même toute seule.

N : Ce qui est une démarche plus que noble. À quinze ans, vous voulez vous prouver -mais également prouver à votre père- que vous êtes capable de réussir, de vous épanouir dans un domaine : ce sera l’équitation, au club de Porchefontaine, où vous avez même envisagé de devenir professionnelle. Vous vouliez faire carrière dans l’équitation…
MF : J’avais effectivement cette intention, mais que j’ai très, très vite abandonnée !

N : Virée au tout début de la Terminale, vous choisissez…Virée pourquoi ? Pour indiscipline, ou parce que les études c’était pas votre fort ?
MF : Je crois que j’ai provoqué le renvoi !

N : Vous choisissez le théâtre, vous suivez donc des cours de Daniel Mesguich pendant quatre mois. Vous avez déclaré –mais alors je sais plus si c’est vrai maintenant !- ‘Ce monde d’artifice et de prétention, je veux le fuir’. C’était apparemment pas la comédie à ce moment-là, ou du moins le cours d’art dramatique en question, c’était peut-être pas le meilleur, après tout…
MF : Je crois en tout cas que j’avais une incompatibilité (elle bute sur le mot, rit et se reprend) non pas d’humeur mais…Quant au théâtre et l’envie de jouer, j’avoue que je n’avais pas le même langage, je crois.

N : À ce moment-là. Peut-être que ça a changé, on va en reparler…
MF : Non, parce que c’était beaucoup de grimaces, beaucoup de contorsions et peu de choses, moi, qui m’inspiraient, en tout cas.

N : Mais vous n’auriez contre de devenir comédienne maintenant dans un long-métrage…
MF : Non. J’accepte de faire des grimaces, maintenant !

N : D’accord ! Et des contorsions ?
MF : Eventuellement ! (rires)

N : En tout cas, vous devenez mannequin en allant donc aux castings de pub. Ca a duré quoi ? trois ans, les photos et ces castings –qui devaient être barbants, à la longue ! Ca a duré un bon bout de temps, dix-huit à vingt et un ans, à peu près…
MF : C’est une, j’allais dire, une très bonne école et une école très cruelle, mais c’est le cap indispensable peut-être pour se forger une nature, en tout cas, et des défenses.

N : C’est là où on apprend à détester l’objectif ? C’est là où on apprend à avoir la haine de la caméra ou de l’objectif ?
MF : C’est pas réellement une haine, mais c’est vrai que ça n’est pas une amie. Mais maintenant je commence à m’adapter, en tout cas, oui.

N : Vous rencontrez Jérôme Dahan, qui écrit et compose au piano, passez des heures à écouter ses compositions et c’est lui qui vous présente donc Laurent Boutonnat. La légende veut que ce soit lors d’un dîner et qu’il y ait eut cette entente mutuelle. Laurent, lui, ayant justement coécrit avec Jérôme Dahan, recherchait une interprète. Alors, je pense pas qu’on puisse parler de Mylène Farmer sans préciser qui est Laurent Boutonnat en quelques mots. Il est né le 14 juin 1961, lui aussi a eu une éducation relativement stricte puisqu’il a été élevé chez les jésuites. Très doué en littérature…
MF : Vous trichez, parce que vous lisez un papier ! C’est plus facile, finalement ! (rires)

N : Je lis un papier, c’est vrai ! Mais je reconnais avoir préparé ce que je dis, ça c’est sûr ! C’était pas en plus évident de trouver toutes ces informations sur Laurent Boutonnat, parce que c’est pas non plus un homme public ! Il a la passion pour le cinéma, il a eu le déclic paraît-il en voyant « Bambi ». Vous aussi, d’ailleurs, vous avez craqué sur « Bambi »…
MF : Oui, nous avons un amour commun pour « Bambi » !

N : Oh, je ne pense pas qu’il n’y ait qu’un amour commun, en tout cas pour « Bambi », oui ! La musique compte donc énormément, il l’étudie depuis l’âge de cinq ans. C’est un cinéaste musicien, ou un musicien réalisateur, peu importe. En tout cas, il est doué pour les deux, ça c’est sûr ! Vous vous êtes rencontrés en quelle année, à peu près ? Vous vous souvenez pas ?
MF : Je crois que c’est 1982…

N : 1982 ?
MF : Oui…

N : Et vous vous souvenez de la rencontre en elle-même ?
MF : Mais les dates n’ont pas grande importance pour moi. J’ai la mémoire des rencontres, mais quant aux dates, non, je les oublie très vite.

N : En tout cas, ce qui est sûr c’est que en 1984, il y a eu le premier 45-trs.

Diffusion d’un court extrait de « Maman a Tort ».

N : Je continue donc de lire mon papier : au début de cette chanson, il y a eu quand même quelques problèmes, c’est une évidence maintenant de le dire, à cause des paroles. Une fille qui aime une infirmière, ça devait choquer au départ. C’est ce que vous vous êtes dit en acceptant de chanter cette chanson, ‘Ca va choquer’ ?
MF : Non, non, du tout. Non, non. La provocation pour la provocation, ça n’a aucun intérêt. Je savais que c’était un thème qui pouvait susciter des réactions. Maintenant…

N : Enfin, dire ‘J’aime ce qu’on m’interdit’, déjà…C’est vrai que c’était pas un texte que vous aviez signé, mais enfin…
MF : Non, mais j’ai décidé de l’interpréter en connaissance de cause.

N : Voilà, ce qui revient un peu au même. D’accord, mais en tout cas c’était en 1984. Y a pas de réponse forcément à toutes les questions, non plus ! Donc, des problèmes de programmation au début, en tout cas, quelques hésitations de radios qui refusent de passer le titre. Ca ne vous empêchera pas d’être trente-cinquième notamment au hit-parade de RTL –on a retrouvé les documents ! (rires de Mylène) Le disque de Mylène se vend à 100.000 exemplaires, c’est-à-dire quand même encourageant pour une première tentative. Cette version anglaise dont nous parlions, « My Mum is Wrong », elle est franchement ‘wrong’ par contre, cette version, parce que ça a pas du tout fonctionné en Angleterre, ou aux pays destinés. C’était peut-être le Canada, le pays destiné, non ?
MF : Non, du tout. Je crois qu’il y avait aucune destination, finalement. On l’a fait, là, réellement pour s’amuser et pour voir ce que ça pouvait donner en anglais, mais non, pas de grand espoir, en tout cas !

N : Automne 1984, deuxième 45-trs : « On est Tous des Imbéciles ». (le disque est en réalité sorti au tout début 1985, nda) Apparemment, les imbéciles ne comprennent pas et le public ne se précipite pas sur ce 45-trs…
MF : Mais ça, c’est normal. Je me dis que les choses se font lentement, et c’est bien si elles se font en tout cas graduellement et dans le bon sens.

N : C’est sûr qu’il y a d’autres exemples de personnes qui ont venu énormément de premiers 45-trs et puis plus du tout après ! Donc il vaut mieux que ça se passe dans ce sens-là, c’est vrai, on a les noms ! 1985 : vous changez de maison de disque et vous plongez donc dans l’écriture de chansons, bien sûr, mais toujours avec une secrète idée d’écrire autre chose que des chansons, c’est-à-dire peut-être un roman ou une nouvelle. Peut-être même que le roman existe et qu’il est dans un tiroir !
MF : Non. Ca, c’est une envie que j’ai également abandonnée, peut-être par lucidité parce que je sais que je ne suis pas capable d’écrire un livre.

Diffusion d’un court extrait de « Plus Grandir ».




N : Troisième 45-trs, « Plus Grandir », avec pour la première fois en France pour illustrer cette chanson, un clip tourné en Cinémascope par Laurent Boutonnat. Ca a été une décision presque commune, dirais-je, parce que, bon, il y avait cette passion du cinéma que vous aviez en commun tous les deux…
MF : Oui, mais qui est plus prononcée chez Laurent, en tout cas techniquement. Donc, le format Cinémascope, c’est plus Laurent qui en a décidé ainsi.

N : Il avait déjà présenté un court-métrage au Festival…
MF : Un long-métrage !

N : …un long-métrage au Festival du Film à Cannes, c’est ça ?
MF : Oui, qui s’appelait « La féconductrice » (sic), oui…

N : Quand il avait 17 ans, et ce long-métrage avait été interdit aux moins de 18 ans !
MF : C’est vrai ! (rires)

N : Voilà, donc lui-même n’avait pas le droit de voir son propre film, c’est intelligent ! Avril 1986 : sortie du premier album de Mylène, « Cendres de Lune », avec neuf chansons, dont deux que vous avez signées et cinq pour la musique de Laurent Boutonnat. Des chansons soit gentilles, soit provocantes, soit gentiment provocantes dans la perversité. En tout cas, il y a un style. Est-ce que…
MF : Vous parlez très, très vite ! (rires)

N : Pourquoi ?!
MF : J’ai du mal à suivre ! (rires)

N : Je peux relire plus lentement la même phrase ! Donc j’ai dit : soit gentilles, soit provocantes…
MF : Oui…

N : …soit gentiment provocantes dans la perversité.
MF : D’accord !

N : On est d’accord ?! (Mylène acquiesce d’un murmure) Bien ! En tout cas, un style est trouvé. Dans la moitié des chansons, il y a quand même systématiquement allusion à la mort. Pourquoi toujours cette attirance vers le, j’allais dire, vers le néant, à moins que la mort ne signifie pas le néant pour vous…
MF : J’ai envie de répondre qu’on ne peut pas toujours expliquer le pourquoi du comment. Pourquoi est-on attiré vers une chose plus qu’une autre ? C’est complexe pour moi à chaque fois d’avoir une justification quant à ça. Maintenant, je suis attirée par des musiques tristes, par des textes tristes, par des histoires tristes…

N : Pas toujours, pas toujours…
MF : La plupart du temps ! Parce que même dans les choses très heureuses, j’y attends toujours une fin tragique, donc…Parce que j’ai été faite de la sorte, je ne sais pas bien ! (rires)

N : Non, mais c’est bien de sourire en le disant, en tout cas. Ca prouve qu’il peut y avoir un sourire pour illuminer tout ça. Toujours donc mélancolie, même des fois désespoir mais pour vous il y a également aussi la dualité amour / violence. Quand vous parlez d’érotisme, vous dites ‘Je dis non au sexe. J’aime l’érotisme. Je suis une romantique, violente et sensuelle’…
MF : Oui. Que puis-je ajouter à cela ?!

N : Non, mais pourquoi ce mélange amour / violence, aussi ? (après un silence de Mylène qui cherche visiblement ses mots) Je suis désolé, mais c’est vrai qu’il y a des questions qui sont sans réponse, mais comme mon boulot c’est de poser des questions… !
MF : Bien sûr ! Je vais essayer de trouver une réponse assez rapide : quand on parle d’orgasme, on parle de petite mort. Ce n’est pas par hasard. Ca n’est moi non plus qui l’ai dit et inventé. Donc c’est vrai que amour et violence, c’est un mariage inévitable parce que ce sont des choses passionnées, fortes et démesurées.

Diffusion d’un court extrait de « Libertine ».

N : Peut-être encore à cause des paroles, en tout cas le titre démarrera lentement pour atteindre ensuite les 400.000 exemplaires. Le déclic aura lieu grâce à un clip, ou un mini film ou un court-métrage, en tout cas ça dure onze minutes, réalisé bien sûr par Laurent Boutonnat, tourné au château de Ferrières dans une ambiance très « Barry Lyndon ». C’est une période que vous aimez particulièrement ?
MF : J’aime les costumes…

N : Les dentelles…
MF : Pas réellement les dentelles, non. Je préfère me travestir en homme, en tout cas en ce qui concerne cette période ! Mais je suis beaucoup plus attirée par le XIXème siècle, tant par sa littérature que par cette époque. Donc le XVIIIème siècle, c’était par hasard parce que Libertine y est née, tout simplement.

N : Dans ce clip, bien sûr les paroles osées sont illustrées, tout le monde l’a vu, par des robes échancrées, par de la violence, par du sang, par de la pureté aussi puisque vous apparaissez dans le plus simple appareil et je tiens encore à vous dire merci ! Apparemment, là maintenant, vous n’avez plus honte par rapport aux problèmes d’adolescence : ça s’est mieux passé, là, ou il y a eu un moment d’angoisse lorsque vous avez vu sur le script ou dans le scénario qu’il y avait ces scènes à tourner ?
MF : Je considère que quand c’est justifié, je n’avais pas…

N : …de gêne à avoir ?
MF : Non pas de gêne mais en tout cas de refus, et puis surtout parce que je suis en parfaite sécurité avec Laurent Boutonnat.

N : Automne 1986 : premier tube, comme on aime bien employer ce terme dans le show-biz, après avoir parcouru la France durant l’été 1986 sur un podium radio (Mylène a en effet participé à la tournée d’été du Podium Europe 1 en 1986, nda). Début 1987, Mylène Farmer et Laurent Boutonnat signent un nouveau titre, « Tristana ». Là aussi, tout se fait en douceur mais ça devient bien sûr un grand succès. Toujours un clip avec son importance de douze minutes. Quelle a été l’idée de faire des clips aussi longs ? C’est l’idée justement de s’approcher du cinéma ?
MF : Je ne sais pas si c’est prémédité, comme ça. Non, c’est tout simplement parce que quatre minutes, c’est beaucoup trop court pour s’exprimer et parce que effectivement, on aime le cinéma et que c’est bien comme ça ! (rires)

N : L’album sera réimprimé, repressé, « Cendres de Lune ». On resserre un tout petit peu les sillons et on y rajoute « Tristana »…
MF : Oui.

N : Donc ça devient collector, alors, la première série, là où il n’y avait pas « Tristana », introuvable maintenant dans le commerce ! (Mylène acquiesce d’un murmure) Et à partir de ce moment-là, vous signerez tous les textes des chansons qui figureront sur l’album…
MF : Oui. C’est un choix. Et je crois que Laurent aussi avait envie d’abandonner la plume !

Diffusion d’un court extrait de « Sans Contrefaçon ».




N : Vous allez pouvoir gagner le double album live de Mylène Farmer. On dit ‘live’, mais peut-être qu’en français, pour Mylène, on pourrait traduire ‘double album à vif’ de Mylène Farmer…
MF : C’est une jolie formule !

N : …et le nouvel album studio, « L’Autre… », dédicacé par Mylène. (…) Nous revenons à Mylène Farmer tout de suite après ceci.

Coupure publicitaire puis nouvel extrait de « Sans Contrefaçon ».

N : Démarrage spectaculaire de « Sans Contrefaçon », toujours illustré par un clip, mais cette fois-ci beaucoup plus tard. C’était pour quoi ? Pour prouver que les chansons pouvaient avoir du succès sans avoir le support visuel, ou c’était simplement… ?
MF : Non, du tout. Je crois que nous avons pris un peu de retard par rapport à ça, tout simplement !

N : D’accord ! En tout cas, le clip sera évidemment toujours aussi magistralement réalisé. Dans une interview, vous dites vous intéresser notamment dans vos lectures à Edgar Allan Poe et à Charles Baudelaire, ce qui sera d’ailleurs prouvé musicalement par des textes et l’un de Baudelaire mis en musique, et une chanson écrite pour…
MF : …en hommage à Edgar Poe. C’était une histoire précise, d’ailleurs : c’était « Ligeia ».

N : Alors justement : moi, la question de savoir, c’est que les deux univers, que ce soit de Edgar Allan Poe ou de Charles Baudelaire, sont plutôt entouré d’abord et d’alcool et de problèmes et j’allais dire même de maladie, et aussi toujours de spleen, pour reprendre l’expression de Baudelaire…
MF : Et que voudriez-vous savoir ? Si je bois et si je suis malade et si j’ai le spleen ?! (rires) Je réponds ‘oui’ pour le spleen ! (rires)

N : Non, non pas du tout ! Mais quand on a ce sentiment parfois de désespoir que l’on peut pas expliquer, pourquoi se plonger, j’allais dire, dans des ambiances qui ne risquent peut-être pas forcément d’arranger les choses ?
MF : Parce qu’on se forme une famille, comme ça, naturellement. On va vers des écrivains qui ou répondent à vos questions, ou prolongent vos questions. C’est la même chose pour la peinture, c’est la même chose pour tous les arts, finalement. C’est se créer sa propre famille et c’est peut-être se faire un peu de mal aussi, un peu plus mal encore.

N : Lorsque vous peignez, puisque c’est quelque chose…Ca fait combien de temps à peu près que vous vous êtes mise sérieusement à… ?
MF : (dans un sourire) Non, ne nous méprenons pas ! Je ne peins pas, j’essaye, je tente de…

N : C’est de la peinture quand même ?
MF : Non, surtout le dessin en fait, le fusain. Je ne maîtrise pas du tout ni l’aquarelle, ni l’huile.

N : Les quelques dessins qui sont dans un livre qui a été publié, qui s’appelle « Ainsi Soit-Elle », qui sort là maintenant chez Taillandier…
MF : Oui, je ne sais pas si j’en suis très fière, mais c’était une manière de participer, donc j’ai…

N : Alors, il y a des images qui sont encore des, j’allais dire, des têtes de mort, encore du sang, encore des moments d’angoisse, toujours…
MF : Vous êtes sévère parce qu’il n’y a pas de sang, justement !

N : Je sais pas, je pensais une tête de mort sur un fond rouge, c’est bizarre…Comme quoi, chacun peut apporter l’interprétation qu’il veut à ce qu’il voit et à ce qu’il entend ! (rires de Mylène) La solitude, ça reste aussi une amie, d’après ce que vous pouvez dire aussi dans une interview…
MF : Oui, de même que la mélancolie, la tristesse. Tous ces états-là, finalement, on les apprivoise aussi et j’avoue…Là, c’est pas dans une complaisance, mais c’est presque un bien-être dans ces états-là.

Diffusion d’un court extrait de « Ainsi Soit Je… ».

N : Mylène Farmer dit ‘L’écriture est une thérapie que j’ai découverte seule quand je vivais mal le passage de l’adolescence à l’âge adulte que j’ai ressenti comme un viol’. Sans doute la raison pour laquelle la plume et maintenant le dessin viennent extérioriser tout ça, non ? C’est une forme d’exutoire, l’écriture…
MF : L’écriture, essentiellement. C’est vrai que le dessin pourrait en être un autre, oui, oui…

N : Mars 1988 : on découvre un nouvel album ainsi que le titre générique de l’album, « Ainsi Soit Je… ». Tout a été écrit par Mylène Farmer pour les textes –sauf « L’Horloge », donc, comme on l’a dit, le texte de Charles Baudelaire, et la reprise de « Déshabillez-Moi ». Par contre, la surenchère du clip hyper produit n’aura pas lieu : petit budget, petite durée, mais toujours beau résultat pour illustrer « Ainsi Soit Je… ». Sur cet album figure le 45-trs suivant, qui là encore une fois va amener polémique : apologie de l’amour recto verso, le Kama-Sutra a cent ans d’âge, le goût du revers n’a rien de pervers. Forme d’humour bizarre, mais c’est mon humour, je dirais que c’est un titre qui pourra rester dans les annales !

Diffusion d’un court extrait de « Pourvu qu’elles soient Douces ».




N : Encore une fois, donc, clip à gros budget. Les dépenses pour les clips, ça pose jamais de réel problème ? On trouve facilement, je sais pas, l’argent, les sponsors ? On amortit ce genre d’investissement ?
MF : Non. On a peut-être une démarche différente des autres, à savoir que nous investissons notre argent. Bien sûr, la maison de disque participe, mais on sait que les vidéo-clips ne sont pas à but lucratif, que ça ne rapporte rien, si ce n’est le plaisir personnel de les réaliser. Donc c’est une autre démarche et j’envisage toutes les choses de cette manière-là, et Laurent aussi, je crois.

N : Toujours des ambiances, donc, XVIIème ou XVIIIème dans le clip. Ensuite, il y aura « Sans Logique » qui viendra relancer, comme on dit en terme commercial, les ventes du deuxième album, qui atteindra le million d’exemplaires vendus. C’est grisant quand on entend des chiffres comme ça ? Quand on sait qu’il y a eu plus d’un million de personnes qui sont allées acheter son album ?
MF : Oui, oui, c’est incroyable ! C’est incroyable, oui. (sourire)

N : Ca fait quand même sourire, donc ça fait plaisir à entendre ! Il est donc temps que Mylène se donne en public : c’est ce qu’il se passera au mois de mai, le 18 mai exactement. Tout a commencé au Palais des Sports de la Porte de Versailles dans des robes de Thierry Mugler, dans un décor de cimetière, des stèles, de croix. Et tous les soirs, un moment d’émotion…
MF : Oh oui, tous les soirs.

N : …de déchirement ?
MF : De tout ! Je crois qu’on traverse toute sa vie sur scène : on naît, on vit et puis on meurt parfois, aussi. Mais c’est une émotion qui est rare et qu’il faut rendre rare, j’espère. Je pense !

N : Et qui finissait souvent en larmes tous les soirs…
MF : Oui. Oui, parce que c’est…Je ne peux pas m’expliquer par rapport à ça. C’était très souvent sur « Ainsi Soit Je… » ou sur cette dernière chanson (« Je voudrais tant que tu comprennes, nda) parce que quand l’émotion est plus forte, c’est…C’est comme ça.

Diffusion d’un court extrait de « À Quoi je Sers… ».

N : « À Quoi je Sers… », dixième 45-trs de Mylène Farmer, qui est en tournée triomphale partout, partout, partout archi-comble. Le feu d’artifice, ça sera le retour, j’allais dire, au Palais Omnisports de Paris Bercy au mois de décembre. Pour recharger les accus, les batteries, Mylène part dans le nord de l’Inde. Un voyage reposant, instructif ?
MF : Ni l’un, ni l’autre. J’aurais pu aller n’importe où, finalement. J’ai choisi l’Inde comme ça.

N : Il y a eu l’île de Capri aussi, dans les voyages…
MF : Je ne sais pas où vous glanez tous ces renseignements, c’est étonnant !

N : C’est faux ? C’est l’agence de voyages qui en juste en bas de chez vous, là où vous avez pris les billets ! (rires de Mylène) Et puis après, retour au studio Méga pour mixer le double album ‘à vif’…

Diffusion d’un court extrait de « Allan » (live).

N : Alors, parmi les nouvelles qui nous dérangent, parce que moi j’ai vraiment pris une belle claque et j’en ai même redemandé puisque je suis retourné plusieurs fois voir le spectacle, déclaration comme quoi Bercy serait la dernière scène. Non ?!
MF : J’ai eu sincèrement en tout cas cette impression, pas cette idée, que c’était la dernière scène. Oui, le dernier jour pour moi était réellement le dernier jour de spectacle et pour la vie entière. Mais c’est bien, finalement, c’est bien parce que je l’ai vécu d’une façon tellement intense. Maintenant, je ne m’interdis pas de remonter sur scène, mais c’est vrai que je voudrais avoir le même désir à l’égard de la scène, donc…

N : Donc il faudra attendre deux albums, trois albums avant de revenir ?
MF : Je ne peux pas vous dire comme ça dans le temps, mais je sais que je vais attendre. Ca, oui, je vais attendre.

N : Nous aussi, on va malheureusement patienter. Mais enfin, le désir montera des deux côtés, comme ça, ça c’est sûr !
MF : C’est gentil !

Nagui prend ensuite au téléphone un auditeur qui a été tiré au sort et remporte le double album « En Concert » et l’album « L’Autre… » dédicacé par Mylène. Il profite de sa présence dans le studio pour lui dire qu’il l’admire beaucoup.

MF : C’est gentil à vous, merci !

N : (sur l’introduction de « Regrets ») Le duo dont nous parlions tout à l’heure. C’est vous qui avez demandé à Jean-Louis Murat de venir chanter sur votre album ?
MF : Est-ce que c’est réellement important de savoir ça ? Je crois que c’est une envie commune. Peu importe qui a fait le premier pas. J’ai envie de le conserver comme ça…

Diffusion d’un court extrait de « Regrets ».

N : Vous pensiez quand même pas que nous allions le laisser dans son intégralité et que vous fassiez des copies comme des sauvages ! Vous plaisantez ou quoi ?! (rires de Mylène) Allez acheter le nouvel album de Mylène Farmer dès mercredi et découvrez-le –d’abord vous l’avez découvert aujourd’hui sur RTL- et découvrez-le tous les soirs dans Génération Laser, c’est notre album de la semaine. Merci Mylène d’avoir été présente dans cette émission.
MF : Merci de l’avoir préparée avec autant d’ardeur ! (rires)

N : Oui ! Et donc, rendez-vous dans un prochain Studio 22 ! (cf. mai 1991) Et nos amitiés et nos félicitations également à Laurent Boutonnat…
MF : Je les lui ferai !

N : Nos amitiés à ‘l’autre’ !
MF : D’accord ! Merci beaucoup !

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